Thareau, Bertille; Le Guen, Roger; Lambert, Annie and Schieb-Bienfait, Nathalie (2004) Diagnostic et perspectives de développement de la filière céréales biologiques des Pays de la Loire. ESA, ENITIAA, IAE, INRA .
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Plus encore qu’en conventionnel, la production de céréales est très dispersée dans le paysage agrobiologique régional. Ce sont avant tout les éleveurs bovins, nombreux en Pays de la Loire, qui produisent des céréales et oléoprotéagineux biologiques. Les exploitants spécialisés en grandes cultures ne produisent que 20% des céréales biologiques régionales (source RGA 2001). Ainsi, notre enquête auprès des producteurs de céréales biologiques concerne des agriculteurs aux parcours et aux exploitations très divers.
4 Les agriculteurs biologiques rencontrés ont des profils sociologiques et des parcours très divers. Ils ont, globalement, entre 35 et 55 ans, ils sont souvent d’origine agricole et ont un niveau de formation élevé par rapport au reste de la population agricole. Les itinéraires qui les ont menés à l’agriculture biologique sont variés. Nous en avons distingué quatre types :
· Des producteurs à la conquête d’un nouveau marché : L’agriculture biologique apparaît, pour 10% des enquêtés, comme un segment de production très bien valorisé, et donc intéressant. Ces producteurs jeunes, ayant un niveau de formation élevé et souvent spécialisés en grandes cultures se sont convertis récemment (1999/2000), ils sont motivés par le fort niveau de valorisation économique et par l’intérêt technique du mode de production biologique. Cependant la conversion constitue une rupture technique important. Dans un premier temps, ces agriculteurs ont donc choisi de ne convertir qu’une partie de l’exploitation. Ils se soutiennent collectivement dans cette démarche de conversion, à travers des échanges au sein d’un groupe dynamique animé par le GAB et la coopérative.
· Des producteurs extensifs : La majorité des producteurs ont converti leur exploitation dès que le marché du Bio leur a offert une bonne valorisation et que les aides ont sécurisé la conversion. Ces agriculteurs étaient dans les années 98/99 en systèmes extensifs, relativement proches du mode de production biologique. L’évolution du contexte économique et réglementaire leur a donné l’opportunité de s’engager dans la bio sans rupture technique importante et sans prendre trop de risques financiers.
· Des producteurs déçus par le « productivisme » : Pour un cinquième des producteurs, la conversion a constitué une rupture technique et sociale importante. Ils se sont convertis suite à une remise en cause du système dans lequel ils étaient insérés (remise en cause des techniques mais aussi du système d’encadrement technique et économique).
· Enfin, pour un dixième des producteurs, l’installation puis la conversion à l’agriculture biologique constituent une sorte de retour à la terre. Leurs motivations pour l’agriculture biologique sont éthiques. La conversion correspond à un projet de vie. Ces producteurs ont souvent un niveau de formation élevé, ils n’ont pas un ancrage social fort dans l’agriculture (souvent ils ne sont pas issus du milieu agricole et ont travaillé dans un autre secteur avant l’installation).
4 Sur le plan des structures et des systèmes d’exploitation, la population des producteurs de céréales biologiques est également très hétérogène :
· Les céréaliers spécialisés représentent 7% des producteurs de céréales biologiques dans la région (RGA 2001). Nous en avons rencontré en Vendée et en Maine et Loire. Leur SAU moyenne est de 121 ha, mais plus de 50% de l’exploitation demeure en conventionnel. Les céréales représentent 61% de l’assolement et les oléoprotéagineux 28%. C’est une population convertie récemment, soucieuse de profiter d’une nouveau marché. Ces nouveaux producteurs expriment de fortes incertitudes quant au maintien de leur exploitation en agriculture biologique. Cela dépendra de la réussite technique de la conversion, des possibilités d’approvisionnement en matière organique, de l’évolution du marché et de la valorisation des céréales biologiques.
· Les éleveurs bovins représentent 67% de la population de producteurs de céréales et 45% de la production de céréales biologiques en Pays de la Loire (RGA 2001). Si ce sont des producteurs importants globalement, ils ont un poids très faible dans les échanges de céréales régionaux : leur système est basé sur l’autonomie pour la production de viande ou de lait. Les céréales représentent 15% de la SAU et sont toutes autoconsommées. Il s’agit souvent de mélanges céréaliers. La marge de développement des ventes de céréales par cette population est faible : certains éleveurs envisageraient d’augmenter la production si le prix de vente des céréales biologiques augmentait.
· Un quart des producteurs de céréales sont des polyculteurs éleveurs, ils produisent 35% des céréales biologiques régionales (RGA 2001). Ces producteurs se sont souvent convertis avant les autres et ont une forte motivation éthique pour l’agriculture biologique. Leurs systèmes sont équilibrés entre productions animales et productions végétales. Les céréales représentent 33% de l’assolement, une partie est destinée à l’autoconsommation par un petit atelier d’élevage, la moitié est destinée à la vente. Ces agriculteurs, qui ont développé un système qu’ils jugent équilibré, ne souhaitent pas augmenter la production de céréales de vente.
4Il existe un potentiel de développement de la production de céréales biologiques parmi les producteurs enquêtés et ce potentiel est essentiellement porté par les céréaliers spécialisés. En effet, les éleveurs ou les polyculteurs-éleveurs n’expriment aucun projet d’augmentation de leur production. Certains envisageraient éventuellement de consacrer quelques hectares à des céréales de vente si leur prix augmentait ou si des terres se libéraient. Dans l’ensemble, ces enquêtés ne sont pas prêts à remettre en cause l’équilibre de leur système pour développer les cultures de vente. En revanche, la production des céréaliers spécialisés peut fortement varier, à court terme. Dans l’hypothèse favorable où ces agriculteurs réussiraient leur conversion en résolvant leurs difficultés techniques (notamment d’approvisionnement en matière organique) et où ils convertiraient la totalité de leur exploitation en agriculture biologique, la production totale de l’échantillon augmenterait de 20% environ. En revanche, dans une hypothèse défavorable, en cas d’échec de la conversion de ces céréaliers, la production totale sur la population d’enquête pourrait diminuer de 20% environ.
Quoiqu’il en soit, ce potentiel de développement de la production reste très insuffisant face au déficit en céréales et oléoprotéagineux existant en Pays de la Loire.
4Les perspectives de conversion
Les conditions sociales de conversion à l’agriculture biologique se sont améliorées. Ainsi ce mode de ^production n’est plus marginal au sein de la profession agricole, les compétences techniques se développent, les aides à la conversion ont été fortement revalorisées, notamment pour les céréaliers, la notoriété des produits biologiques augmente parmi les consommateurs. Cependant, il reste des freins importants à la conversion. Citons notamment les difficultés d’engagement des producteurs face aux fréquentes évolutions du cahier des charges et à son opacité, notamment en terme d'approvisionnement en matière organique, les lacunes de l’appui technique aux producteurs, la taille des exploitations conventionnelles (notamment des exploitations en grandes cultures), souvent trop grandes pour envisager une conversion et la concurrence croissantes d’autres segments de différenciation des produits (Agriculture Raisonnée, chartes de qualité).
RRR
La première réponse apportée au problème de déficit en céréales et oléoproétagineux a été réglementaire. L’application du Repab-F peut avoir pour effet un rééquilibrage entre la production et la consommation de céréales. En effet, le déficit actuel en céréales et oléoprotéagineux observé en Pays de la Loire est en grande partie imputable à la forte consommation par les élevages de volailles. Suite à l’application du Repab-F, le nombre d’élevages de volailles biologiques a cessé de croître : il est donc probable que les éleveurs qui restent en agriculture biologique pourront convertir des surfaces pour la production de céréales biologiques.
Quant à la production de céréales et oléoprotéagineux, les voies de développement majeures sont la réussite et la poursuite des conversions de céréaliers spécialisés, et dans une moindre mesure, la promotion de systèmes d’exploitation plus diversifiés dans les productions végétales (de type polyculture-élevage) auprès des éleveurs.
Le développement de la production de céréales biologiques en système spécialisé est lié à trois facteurs clé : la réussite de la conversion de quelques pionniers vendéens, qui peut jouer un rôle moteur par la suite ; la poursuite des efforts entrepris en terme d’appui technique et d’animation de groupes de producteurs en conversion ; la sécurisation économique des producteurs en conversion (garantie de débouchés des céréales C1 et C2).
Le développement de la vente de céréales par des exploitants en systèmes de polyculture élevage est conditionné par la mise en place par des organisations de producteurs d’une forme de collecte spécifique, de petite échelle et donc coûteuse.
EPrint Type: | Report |
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Subjects: | Crop husbandry > Production systems > Cereals, pulses and oilseeds |
Research affiliation: | France > INRA - Institut National de la Recherche Agronomique France > ESA - Ecole Supérieure d'Agriculture d'Angers France > ENITIAA - Ecole nationale d’ingénieurs des techniques des industries agricoles et alimentaires |
Deposited By: | Thareau, Bertille |
ID Code: | 6977 |
Deposited On: | 30 Jan 2006 |
Last Modified: | 12 Apr 2010 07:32 |
Document Language: | French/Francais |
Status: | Unpublished |
Refereed: | Not peer-reviewed |
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